Le spectateur qui regarde une mise en scène naturaliste de Tchekhov, ou une tragédie grecque traditionnelle, ne peut pas croire qu’il se trouve en Russie ou dans la Thèbes antique. Dans les deux cas pourtant, il suffit d’un acteur de talent pour que le spectateur soit pris dans l’illusion, tout en demeurant, bien entendu, conscient à tout moment d’être dans un théâtre. Le but n’est pas d’éviter l’illusion : tout est illusion. Mais certaines choses semblent plus illusoires que d’autres. Telle l’illusion, gauche et pesante, qui ne nous convainc de rien. En revanche, l’illusion faite d’éclairs et d’impressions fugitives maintient en éveil l’acuité de notre imagination. Cette illusion est comme le point lumineux qui balaie l’écran de télévision : elle ne dure que l’instant requis.
L’espace vide / Peter Brooks
Votre commentaire