Comme les attitudes nobles et pompeuses sont en train de disparaître rapidement de la vie quotidienne, chaque nouvelle génération trouve le grand style de plus en plus creux, de plus en plus vide de sens. Ce qui conduit le jeune acteur à une recherche hargneuse et impatiente de ce qu’il appelle la vérité. Il veut jouer de façon réaliste, pour que les vers ressemblent à du langage réel, mais il s’aperçoit que la forme de l’écriture est si rigide qu’elle résiste à ce traitement. Il est alors obligé d’adopter un compromis plus ou moins subtil qui n’a ni la fraîcheur du langage ordinaire, ni l’emphase de l’histrion. Son jeu ne fait que s’appauvrir, et l’on regrette avec nostalgie un jeu ampoulé qui n’était pas sans force. Ne suffirait-il pas de jouer la tragédie « comme elle a été écrite » ? Malheureusement tout ce que le texte peu nous apprendre est ce qui a été écrit noir sur blanc, et non pas de quelle manière on lui, un jour, donné vie.
L’espace vide / Peter Brooks
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