Les petits coffres

Il y a de drôles de gens comme ça,
Qui n’ont pas de coffre assez gros,
Pour garder au chaud les mots forts,
Les mots sacrés, les mots costauds.

Hop, il vous les jettent par dessus bord,
Au lieu de les donner quand il faut.
Ils disent je vous aime quand ils n’aiment pas.
Jurent main droite que c’est vrai quand c’est faux.

Mais une fois au sol, les mots tombés,
Ont bien envie d’une vie pour de vrai.
Nous valons bien un gland, pensent-ils tous bas,
Une destinée, tragique, pourquoi pas.

Ils ne croient pas si bien dire.
Les lois du hasard guettent, pressées de surgir.
Un coup de bec, les voilà disparus.
Un coup de vent, l’aventure continue.

En voilà un porté loin,
Qui évite le choc d’un sol froid et dur.
C’est par un cœur, plait-il, qu’il est reçu,
Terrain chéri des mots présumés sûrs.

Celui-là s’installe, se met à son aise,
Le cœur content, lui fait de la place
Quelle sacré veine, ce mot façon graine,
Une tige, bientôt, prendra tout l’espace.

Le temps va, le cœur garde espoir,
Il bichonne son hôte, veut y croire.
Mais rien ne pousse, rien ne s’écrit.
Le mot-graine vide son sac : il est vide.

Un si joli mot sans racines ?
Est-ce possible, dit le cœur.
Il y a bien sur la colline,
Un arbre qui connaît l’origine.

Il sonde les écorces,
Interroge toutes les branches.
Il lit chaque feuille,
Grimpe sur les cimes.

Là-haut dans les airs,
Il scrute alentour.
L’horizon est clair,
Rien n’a nourri son mot d’amour.

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