Satanée vareuse, je l’ai oublié, et Bárður jure une fois de plus, il se maudit de s’être inutilement employé à fixer dans sa mémoire les vers du Paradis perdu, de s’être ainsi concentré au point d’en oublier sa vareuse. […] Bárður conjugue en une tresse l’ensemble des jurons que la vie lui a enseignés, et ils sont nombreux. Ces jurons sont de petites billes de charbon qui ont le pouvoir de vous réchauffer, mais les mots n’offrent malheureusement qu’un abri bien frêle face au vent venu du pôle qui transperce tout et s’immisce dans la chair, et dans ces moments-là, un vêtement de mer passablement étanche vaut mille fois tous les recueils de poésie du monde.
Entre ciel et terre / Jón Kalman Stefánson
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