La femme naïve accepte tacitement de rester « sans savoir ». Les femmes crédules, tout comme celles dont l’instinct a subi des dommages, continuent, telles des fleurs, à se tourner en direction de toute forme de soleil qui se manifeste. [Elle] va donc se laisser facilement prendre à des promesses d’opulence, de bonheur, de plaisirs variés, qu’elles soient promesses d’un statut élevé aux yeux de leur famille ou de leurs pairs ou promesses d’une sécurité accrue, d’un amour éternel, de la grande aventure, ou d’une sexualité torride.
Barbe-Bleue interdit à la jeune femme de se servir de la clef qui lui ferait prendre conscience des choses. En cela, il la dépouille de sa nature intuitive, de l’instinct naturel qui la pousse à la curiosité et lui permet de découvrir « ce qui gît en dessous » et au-delà de l’évidence. Sans ce savoir, la femme est dénuée de protection.
Si elle essaie d’obéir à l’injonction de Barbe-Bleue (n’ouvre pas cette porte), elle choisit la mort pour son esprit. En choisissant d’ouvrir la porte de la terrifiante pièce au secret, elle choisit la vie. […]
Certains théoriciens de la psychologie, et parmi eux Freud et Bruno Bettelheim, ont interprété les épisodes du type de celui que l’on trouve dans [ce] conte comme une punition de la curiosité sexuelle des femmes. A ses débuts, la psychologie traditionnelle donnait une connotation franchement négative à la curiosité féminine, tandis que chez les hommes, la curiosité se voyait qualifier d’investigatrice.
Femmes qui courent avec les loups / Clarissa Pinkola Estés
© « Pourquoi y a-t-il du sang sur cette clef ? » / Illustration de Walter Crane
Un extrait pertinent d’un livre absolument pertinent et révolutionnaire!
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Oui !! Je n’en suis qu’à la moitié. Encore de bons moments en perspective 😀
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