Les travaux de Paul Bloom illustrent bien ce que M. Hoffman appelle le biais de familiarité. Il a monté à des bébés de 7/8 mois des marionnettes aux comportements différents. Les bébés préfèrent majoritairement celles qui viennent en aide à celles qui nuisent aux autres. En revanche, si une des marionnettes est habillée avec le même 6-shirt que le bébé, sa préférence va vers celle-ci, quel que soit son comportement.
Il y a donc à la fois une tendance innée à préférer un comportement prosocial à un comportement antisocial, mais aussi une préférence naturelle pour ceux qui nous ressemblent au détriment de ceux qui nous apparaissent différents de nous. Pour lutter contre ce biais, il faut développer l’empathie cognitive. C’est en entraînant l’enfant à adopter d’autres points de vue que le sien, qu’on l’aide à construire sa curiosité de l’autre. Et c’est aussi en lui montrant qu’à l’intérieur de lui-même, il peut avoir différents points de vue possibles sur un même événement. Il comprend alors que d’autres choix peuvent être aussi valables que le sien.
Les pièges de l’empathie / Entretien avec Serge Tisseron / Sciences Humaines n° 293, juin 2017
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