C’est fini maintenant. Déjà le souvenir de la vivante s’efface et la mémoire ne gardera, je le sais, que l’image de la morte, sur laquelle Dieu a posé sa main. Que voudrait-on qui me restât dans l’esprit de circonstances si fortuites, à travers lesquelles je me suis dirigé comme à tâtons, en aveugle ? Notre Seigneur avait besoin d’un témoin, et j’ai été choisi, faute de mieux sans doute, ainsi qu’on appelle un passant. Il faudrait que je fusse bien fou pour m’imaginer avoir tenu un rôle, un vrai rôle. C’est déjà trop que Dieu m’ait fait la grâce d’assister à cette réconciliation d’une âme avec l’espérance, à ces noces solennelles.
Journal d’un curé de campagne / Georges Bernanos
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