Lady L. avait trouvé dans l’Essai sur l’art de Sir Bertram Moore, publié en 1941, un passage remarquable qui lui paraissait s’appliquer admirablement à Armand et à certains de ses compagnons.
« Cela devait finir ainsi ; le besoin de beauté de l’âme humaine devait tôt ou tard sortir des limites de l’art pour s’attaquer à la vie elle-même. Nous voyons donc des créateurs inspirés lancés à la poursuite d’un chef-d’œuvre vécu et qui se mettent à traiter la vie et la société comme une matière plastique. Imaginez un Picasso ou un Braque essayant de bâtir un monde nouveau selon les canons de son art : l’humanité entière traitée et triturée – torturée – comme une pâte à modeler. C’est ce qui nous arrive. Reste à savoir d’où vient dans l’âme humaine ce besoin de beauté : c’est un vraiment un bien curieux endroit où l’on est allé le fourrer. »
Lady L. / Romain Gary
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