Les céréales n’aiment pas vraiment qu’on les mange. Une plante, quelle qu’elle soit, a pour ambition de se reproduire – et pas de voir ses descendants disparaître entre nos dents. Au lieu de nous faire une scène, les végétaux n’hésitent pas à empoisonner (à petites doses) leurs graines. Mais tout cela est bien moins dramatique que ça n’en a l’air à première vue : d’un côté comme de l’autre, quelques grains de blé dévorés sont encore du domaine de l’acceptable. Les êtres humains peuvent ainsi prospérer, et les végétaux aussi. Seulement, plus une plante se sent en danger, plus elle injecte de substances nocives dans ses graines. Et si le blé est ainsi rongé par l’angoisse, c’est parce que ses graines ne disposent que de peu de temps pour pousser et se reproduire. Il n’est donc pas question de louper le coche. Chez les insectes, le gluten bloque une enzyme digestive importante, si bien qu’une sauterelle qui grignote trop de plants de blé se retrouve avec des crampes d’estomac. Elle laisse donc en paix le reste du champ, et tout le monde est content.
Dans l’intestin humain, [et] dans le cas de la maladie cœliaque, la consommation de blé peut entraîner d’importantes inflammations, détruire les villosités intestinales et affaiblir le système nerveux. Les personnes touchées souffrent de maux de ventre, de diarrhées, présentent dès l’enfance un retard de croissance ou sont très pâles en hiver. […]
Actuellement, le meilleur traitement de la maladie cœliaque est de supprimer complètement le blé de l’alimentation.
Le charme discret de l’intestin / Giulia Enders