Si l’on mettait tout […] à plat – les plis, les villosités, et les villosités des villosités -, notre intestin atteindrait une longueur d’environ sept kilomètres. […] Cela peut paraître démesuré […], mais c’est justement sur cette disproportion que s’appuient les processus en œuvre dans nos bedaines : nous nous grandissons pour réduire en petits morceaux tout ce qui vient de l’extérieur – jusqu’à ce que les fragments soient assez infimes pour être assimilés et devenir une part de nous-mêmes. […]
Dans l’estomac, un œuf cru subit en effet la même transformation que dans la poêle : le blanc d’œuf blanchit, le jaune pâlit, et tous deux coagulent. […] Qu’elles soient confrontées à une plaque chauffante ou au suc gastrique, les protéines réagissent en effet de la même manière : elles se dénaturent. […] La cuisson nous permet donc de faire des économies d’énergie, puisque notre estomac n’a plus besoin de déployer l’énergie nécessaire à la dénaturation. En cuisinant, nous délocalisons tout simplement une partie de notre activité digestive.
Le charme discret de l’intestin / Giulia Enders
Illustrations par Jill Enders
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