[…] l’œsophage ne sait pas viser. Au lieu de prendre le chemin le plus court et d’arriver au sommet de l’estomac, bien au milieu, il débouche sur le côté droit. Et c’est un coup de génie. […] A chaque pas, nous contractons les muscles du ventre, et la pression infligée à notre abdomen double. Quand nous rions, quand nous toussons, la contrainte est encore plus forte. Et comme la pression exercée par l’abdomen provient du bas, mieux vaut que l’œsophage ne se trouve pas juste au sommet de l’estomac. Ainsi arrimé sur le côté, il n’est soumis qu’à une fraction de la pression exercée. Résultat : pendant la traditionnelle promenade digestive, nous ne sommes pas obligés de roter à tout bout de champ. […]
Cette entrée par la petite porte a aussi des effets secondaires : la poche à air gastrique, par exemple, cette petite bulle d’air qu’on peut distinguer sur n’importe quelle radio, dans la partie supérieure de l’estomac.
Évidemment, l’air monte tout droit vers le ciel sans chercher une éventuelle porte de sortie sur le côté. Du coup, avant de pouvoir éructer, il nous faut souvent avaler d’abord une bouffée d’air. L’air inspiré décale alors légèrement l’ouverture de l’œsophage vers la poche à air et, zou, le rot peut s’échapper. Même chose quand un rot nous taraude alors que nous nous prélassons sur le canapé : il suffit de se tourner du côté gauche […].
Le charme discret de l’intestin / Giulia Enders
Illustration par Jill Enders / Traduit de l’allemand par Isabelle Liber
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