La première vague de colonisation Sapiens a été l’une des catastrophes écologiques les plus amples et les plus rapides qui se soient abattues sur le règne animal. Les plus durement touchés furent les gros animaux à fourrure. Au moment de la Révolution cognitive, la planète hébergeait autour de deux cents genres de gros mammifères terrestres de plus de cinquante kilos. Au moment de la Révolution agricole, une centaine seulement demeurait. Homo sapiens provoqua l’extinction de près de la moitié des grands animaux de la planète, bien avant que l’homme n’invente la roue, l’écriture ou les outils de fer.
Cette tragédie écologique s’est rejouée en miniature un nombre incalculable de fois après la Révolution agricole. Île après île, les données archéologiques racontent la même histoire. La scène d’ouverture montre une population riche et variée de gros animaux, sans aucune trace d’humains. Dans la scène 2, l’apparition de Sapiens est attestée par un os humain, une pointe de lance […]. L’enchaînement est rapide avec la scène 3, dans laquelle des hommes et des femmes occupent le centre, tandis que la plupart des gros animaux, et beaucoup de plus petits, ont disparu.
La grande île de Madagascar […], en offre un exemple fameux. Au fil de millions d’années d’isolement, un éventail unique d’animaux y était apparu. Ainsi de l’oiseau-éléphant […], le plus gros oiseau du monde [qui disparut] subitement voici 1500 ans, précisément quand les premiers hommes mirent le pied sur l’île.
Sapiens, une brève histoire de l’humanité / Yuval Noah Harari
Votre commentaire