L’apparition de nouvelles façons de penser et de communiquer, entre 70 000 et 30 000 ans, constitue la Révolution cognitive. Quelle en fut la cause ? Nous n’avons pas de certitude. Selon la théorie la plus répandue, des mutations génétiques accidentelles changèrent le câblage interne du cerveau des Sapiens, leur permettant de […] et de communiquer en employant des langages d’une nouvelle espèce. […]. Pourquoi s’est-elle produite dans l’ADN des Sapiens, plutôt que dans celui des Neandertal ? Pur hasard, pour autant qu’on puisse le dire [mais] que possédait de si particulier la nouvelle langue des Sapiens, qu’elle nous ait permis de conquérir le monde ?
Ce n’était pas la première langue. Tous les animaux possèdent une sorte de langage. […]
La réponse la plus courante est qu’il est d’une étonnante souplesse. Nous pouvons associer un nombre limité de sons et de signes pour produire un nombre infini de phrases, chaque fois avec un sens distinct. Ainsi pouvons-nous assimiler, stocker et communiquer une prodigieuse quantité d’informations sur le monde qui nous entoure. […]
Selon une deuxième théorie, notre langage unique aurait évolué comme moyen de partager des informations sur le monde. Mais l’information la plus importante qu’il fallait transmettre concernait les humains, non pas les lions ou les bisons. Notre langage a évolué comme une manière de bavarder. Suivant cette théorie, Homo sapiens est essentiellement un animal social.
La coopération sociale est la clé de notre survie et de notre reproduction. […]
Avec des informations fiables sur les personnes de confiance, les petites bandes ont pu former des bandes plus grandes, et Sapiens a pu élaborer des formes de coopération plus resserrées et plus fines.
On pourrait croire à une plaisanterie, mais de nombreuses études corroborent cette théorie du commérage. […] Celui-ci nous est si naturel qu’il semble que notre langage se soit précisément développé à cette fin. […]
La recherche sociologique a montré que la taille naturelle maximale d’un groupe lié par le commérage est d’environ 150 individus. […] Aujourd’hui encore, le seuil critique de la capacité d’organisation humaine se situe autour de ce chiffre magique. […]
Comment Homo sapiens a-t-il réussi à franchir ce seuil critique pour finalement fonder des cités de plusieurs dizaines de milliers d’habitants […] Le secret réside probablement dans l’apparition de la fiction. De grands nombres d’inconnus peuvent coopérer avec succès en croyant à des mythes communs.
Sapiens, une brève histoire de l’humanité / Yuval Noah Harari
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